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L'ABSTENTIONNISME IDÉOLOGIQUE 

Ne pas voter ?

V ous y avez peut-être pensé aussi: et si la question, n’était pas;

  «pour qui voter»

mais bien

   «faut-il voter»?

Dans les sphères utopistes ou désabusées, modérées ou radicales, des prises de position émergent en faveur de l’abstention ou du vote blanc. Un abstentionnisme politisé qui est la partie visible d'un iceberg de refus très divers.

 

Quel est le parti pris de ceux qui ne votent pas ou qui annulent leur vote?

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Parallèlement au désintéressement massif que vit l’électorat québécois, l’abstentionnisme idéologique quant à lui dénote une critique du système politique dans lequel nous évoluons.

 

«La critique anarchiste de la démocratie représentative vise tout d’abord l’État. Il s’agit de dénoncer l’abdication d’une hypothétique souveraineté populaire où la population délaisse son pouvoir au profit de la délégation et de la représentation, c’est-à-dire l’accaparement des pouvoirs de l’État par une élite politique spécialisée»

 

L’aspect élitiste d’un gouvernement, soit la concentration des pouvoirs entre les mains d’un petit nombre de gens, qu’il soit ouvrier, bourgeois ou aristocrate, augmente de beaucoup la susceptibilité que cette élite soit corrompue  par le pouvoir.

J'ai tu voter pour ça moi? 

 

En second lieu, la critique anarchiste vise le parlementarisme et les partis politiques. «Le temps et l’énergie accaparés par les partis politiques sont autant d’énergie et de temps mis en dehors de l’implication dans les mouvements sociaux, là où il est possible de changer les rapports sociaux et développer des rapports de force avec l’État».

 

La dernière critique majeure des anarchistes envers le système électoral est qu’il crée une rupture entre le politique et le social alors que les deux devraient être intrinsèquement reliés.

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 L’abstentionnisme idéologique mais encore.

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Mais que proposent-ils, alors, si la démocratie de représentation porte à la corruption par le pouvoir, le parlementarisme et les partis politiques nous font gaspiller notre énergie et les élections, elles, empêchent nos choix sociaux de rejoindre nos actions politiques?

 

«Dans nos sociétés fortement intégrées et pacifiées, il y a peu d’alternatives. Il faut travailler au développement de mouvements sociaux forts, combatifs et autonomes de l’État et des appareils partisans», «Cette autonomie est renforcée par des pratiques de démocratie directe et d’autogestion». Effectivement, la base de l’anarchisme se situe dans la pratique d’une politique beaucoup plus proche de ceux qui y prennent part.

 

Par exemple, la démocratie directe permet au peuple, et non seulement aux élus, d’adopter ou d’abroger des lois, de prendre les décisions pour leur futur.

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Cependant, ce type de démocratie est souvent qualifié d’idéaliste ou encore d’utopique, car il est très difficile à mettre en application à grande échelle puisqu’il nécessiterait la participation de l’ensemble de la population pour toutes les décisions.

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L’abstention idéologique a-t-elle un réel impact au niveau de notre système politique actuel?

 

Malheureusement les impacts de l’abstentionnisme se font très peu ressentir, car «la démocratie est un régime politique exceptionnel qui est capable de se régénérer en période de crise. 

 

C’est aussi un régime qui est capable de bloquer toute réforme en apaisant les conflits sociaux potentiels. C’est-à-dire que, à notre époque, l’abstention a peu d’effets, car l’État et le capitalisme n’ont pas besoin d’une forte participation des citoyens pour rester légitime».

 

De fait, ce n’est pas dans le domaine de la politique qu’on en voit les réels résultats, mais plutôt dans le domaine social où l’indifférence et l’hostilité de la population à l’égard de l’État se font de plus en plus sentir.

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«La justification politisée de l’abstention s’étend dans des milieux politisés où jusque-là le vote était la norme. Ce discours est valorisé et se diffuse. L’abstention est ainsi compensée par d’autres formes de participation politique: dans les médias, sur les réseaux sociaux, dans la rue… Ces abstentionnistes trouvent un moyen de contourner les structures partisanes.»

Céline Braconnier, coauteure de La démocratie de l’abstention (2007)

 

 

 

 

« Voter ne sert à rien »

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